La solidarité à travers les temps : 1974 à 1999


La liste des initiatives s’allonge, célébrant le dixième anniversaire du referendum du 30 août 1999, date fondatrice s’il en est, qui a permis aux Timorais d’exercer leur droit à l’autodétermination, en choisissant l’indépendance.

Le Collectif KLIBUR SOLIDARIDADE TIMOR-LESTE inaugure ce lundi 24 août, à 16 heures, à la Fondation Oriente, à Lesidere (rue Nicolau Lobato), Dili, une exposition qui propose une rapide rétrospective sur les activités des groupes de solidarité à travers le monde, entre la condamnation de l’invasion indonésienne le 7 décembre 1975 et le retrait de ses troupes en septembre 1999.

L’exposition restera ouverte au public du lundi au samedi, de 14h à 19h, jusqu’au 5 septembre.

L’association France-Timor Leste, membre du collectif « Klibur Solidaridade », y a apporté de la documentation sur la solidarité en France et, en particulier, sur des actions développées par « Agir pour Timor ».

Mise à jour de l'info précédente :
C'est à Carlos Semedo, président de l'association, au nom du collectif "Klibur Solidaridade", accompagné par le Directeur de l'Archive et Musée de la Résistance Timoraise, l'ex-commandant Hamar, qu'est revenu le plaisir et l'honneur d'inaugurer officiellement l'exposition.


Il y a dix ans, jour pour jour...

Il y a 10 ans jour pour jour s’est tenu au Timor oriental un événement qui relevait du miracle : après des mois d’un déchaînement de violences et de terrorisation des populations par des milices au solde de l’armée d’occupation, des centaines de milliers de personnes sont sorties de leurs maisons ou de leurs cachettes en montagne, pour se présenter, à l’aube, devant les bureaux de vote tenus par l’ONU. 99,7% des inscrits ont voté.

Qui aurait pu prévoir, à peine deux ans avant, que cela pourrait un jour se produire ? L’analyse a été faite, depuis, assez de fois pour que l’on n’ait pas besoin d’improviser. Trois facteurs convergent en ce moment unique :

- un contexte international favorable - entre la dissolution du bloc soviétique et le 11 septembre, avec un rôle accru pour l’ONU - coïncidant avec

- la fin de régime Suharto en Indonésie, miné par une crise financière asiatique, l’usure d’un pouvoir dictatorial de 30 ans et la mobilisation des étudiants et des couches moyennes urbaines et

- la création du Conseil National de la Résistance Timoraise – CNRT – unifiant pratiquement tous les courants timorais opposés à l’occupation.

Les groupes de solidarité, qui, depuis des années, dénonçaient l’occupation illégale, avec son convoi de violations des droits humains, et réclamaient, avec les Timorais, la tenue d’un referendum, ont aidé à accélérer la nouvelle tournure prise par les événements en multipliant leurs efforts de sensibilisation des gouvernements et des opinions publiques, en envoyant des observateurs pour accompagner les opérations de recensement et de déroulement du vote, en organisant des protestations massives et réclamant l’intervention militaire de l’ONU, lorsque l’annonce des résultats a été suivie d’un déferlement de destructions et d’un paroxysme de violences par les paramilitaires collaborationnistes et par l’armée.

Où étais-tu il y a dix ans ? Comment a été ta journée ? Ce sont les questions que se posent ou posent à leur entourage ceux qui ont envie de se souvenir.

10 ans après : fêtes, hommages et devoir de mémoire

Ce dimanche 30 août 2009, sur le parvis du nouveau palais présidentiel, inauguré dans la semaine, lors d’une cérémonie transmise en direct par la TVTL (Télévision de Timor Leste), le Président de la RDTL Ramos Horta a prononcé un long discours en trois langues, tetum, anglais et portugais, devant un parterre d’officiels Timorais et de diplomates internationaux. Il était entouré symboliquement par le Ministre portugais des affaires étrangères, en 1999, Jaime Gama, président aujourd’hui du Parlement et représentant l’Etat portugais, et de l’actuel Ministre indonésien des Affaires étrangères Hassan Wiradja, représentant l’Etat indonésien et de Atul Khare, représentant le Secrétaire général de l’ONU, le Portugal, l’Indonésie et l’ONU étant les trois entités qui avaient signé l’accord de New York du 5 mai 1999, rendant possible la consultation. Ali Alatas, MAE indonésien en 1999, est décédé il y a deux ans. Jaime Gama, comme le Premier Ministre portugais de 1999, actuel Haut Commissaire des Nations Unies pour les Réfugiés, Antonio Barreto, mais aussi Ian Martin, qui a présidé pour l’ONU la mission électorale de 1999, entre autres, recevront les hommages officiels.

Hier, au nouveau cimetière militaire de Metinaro, la RDTL avait rendu un hommage à plus de quatre cents héros de la résistance, dont les ossements ont été identifiés ces dernières années, à travers le territoire. Leurs familles peuvent ainsi faire un pas de plus dans l’accomplissement de leur deuil.

Dans les jours à venir il y aura une visite spéciale de l’Archive et musée de la résistance, une initiative avec les femmes de la résistance, un colloque dans les locaux de la CAVR (Commission accueil vérité et réconciliation), une exposition organisée par la Mission des Nations Unies, etc.

Dili fête l’indépendance, avec des concerts dans les quartiers et des repas d’amis.

Demain il y aura « tolerancia de ponto », ce n’est pas férié mais les fonctionnaires sont autorisés à ne pas travailler.

Mais d’autres Timorais choisissent le retrait et le silence pour se retrouver avec eux-mêmes, comme Mana Lu (une religieuse charismatique, aussi connue au Timor que l’Abbé Pierre en France, qui a mis sur pieds un réseau de lieux d’accueil pour les filles en difficulté couvrant tout le territoire) qui passera sa journée seule dans la montagne, à méditer sur les dix ans passés et les dix ans à venir.

Solidarités d’hier et d’aujourd’hui

« Renforcer la solidarité : la lutte pour la justice continue »

Les groupes de solidarité du monde entier, qui ne s’étaient pas retrouvés en tant que tels depuis bien longtemps, se sont donnés rendez-vous à Dili cette semaine. Venant d’Europe – Pays Bas, Royaume Uni, Allemagne, Portugal, Irlande, France - des Etats-Unis et du Canada, mais surtout des pays les plus proches, l’Australie, l’Indonésie, le Japon, les Philippines, la Nouvelle Zélande… Pour l’occasion, un collectif d’ONGs (Timoraises et non Timoraises, dont FRANCE-TIMOR LESTE), s’était constitué, le « Klibur solidaridadi ba Timor Leste ». Il a monté une exposition rétrospective sur la période 1974-1999, organisé des visites de terrain à Maubisse et à Ermera et une conférence à Dili, sur le thème « Renforcer la solidarité : la lutte pour la justice continue », les 27, 28 et 29 août.

La Conférence a été ouverte par deux des Timorais les plus en contact avec les groupes de solidarité jusqu’en 1999, José Ramos Horta, actuellement Président de la République et Mari Alkatiri, ex-Premier Ministre, dirigeant du Fretilin, principale force d’opposition au Gouvernement. Elle a été clôturée par Agio Pereira, actuellement Secrétaire d’Etat et Porte-parole du Gouvernement, qui était le principal interlocuteur des groupes de solidarité en Australie avant 1999.

Les plus de deux cents participants (large majorité de militants et d’étudiants Timorais) ont non seulement évoqué les activités développées dans leurs pays en solidarité avec le Timor, mais aussi réfléchi sur les solidarités internationales nécessaires aujourd’hui (Papouasie Occidentale, Birmanie, Sri Lanka, Sahara occidental…). Des délégués ou des militants de ces pays ont fait le point de chaque situation. Un message est décidé vers l’Etat marocain, réclamant le respect des droits humains et la tenue d’un referendum au Sahara occidental. Une campagne permanente va être lancée, pour soutenir les aspirations des Papous à un referendum. La situation de Sun Su Kyi a été évoquée et sa libération exigée.

Analysant la situation au Timor Leste dix ans après le referendum, ils se sont penchés sur ce qui leur apparaît être l’une des question centrales au Timor : celle de l’impunité les responsables des crimes ici commis pendant l’occupation mais plus généralement de l’impunité comme situation de fait, lorsqu’il s’agit par exemple, de violences domestiques contre les femmes et les enfants.

Un fort consensus a été trouvé sur la nécessité de justice comme une condition pour endiguer la violence et de construire l’avenir. Reste posée la question du comment : qui va poursuivre les responsables des crimes commis au Timor depuis 1975 ? Seule la communauté internationale (l’ONU) aurait la légitimité et les moyens pour le faire, l’occupation a été déclarée illégale par l’ONU, il y a des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité qui ont été commis. L’Indonésie a déjà démontré qu’elle n’en fera rien. Les principaux dirigeants timorais considèrent qu’ils n’ont pas la possibilité de le faire. La situation paraît dans une impasse, avec un rapport et des recommandations de la CAVR qui n’ont toujours pas été débattues par le Parlement. Qui a les moyens de rendre justice et de faire reculer l'impunité ?


Dili, le 30 août 2009

Carlos Semedo,

président de France-Timor Leste, membre du Comité d'organisation "Klibur Solidaridad"

publié par Association France Timor Leste @ 4:35 AM,

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